Wednesday, March 29, 2017

Failing capitalism


The accumulation of capital has a fundamental flaw, in that it relies on plunder and debt, and both have material limitations. To make a profit, capital must get more value out of the market than it puts in, and that difference has to come from somewhere. Profit is paid by government and household debts. But profit can also be seen as a part of production that has not been remunerated and does not have an equivalent demand (except for debt). This surplus production can be exported and exchanged for labour and raw materials. Consumption is sent abroad, and its value comes back as investments.

Piling up debts and plundering the planet are capitalism’s essential ingredients, a mixture that has failed in the past, bringing chaos and confusion. It seems a new failure is occurring, at a slower pace perhaps, but on a more grandiose scale.

Saturday, March 25, 2017

Un changement factice

 
L’économie et la politique sont les deux piliers des sociétés urbaines. La division du travail impose des échanges de biens et de services, et la république doit s’organiser et se gouverner. Mais la question qui se pose toujours, c’est de savoir si la politique dirige l’économie, ou l’inverse. Est-ce le pouvoir privé et occulte de l’argent qui décide ce que sera demain, ou est-ce le peuple et ses représentants après un débat publique? En fait, il semble que ce soit l’économie qui commande, sauf sous un pouvoir absolue ou totalitaire, quand ce sont les choix du tyran qui l’emportent. En effet, comment résister à l’attrait de l’argent qui peut tout procurer? Comment ne pas se laisser acheter par un employeur, ou corrompre par des intérêts particuliers?

La mainmise de l’économie est aussi idéologique. Elle ne peut pas seulement payer, elle doit aussi convaincre. Le thème principal affirme que tout le monde peut être riche et que tout le monde y aspire. La fortune, petite ou grande, est présentée comme normale et méritée. Et là, les millionnaires du sport, des arts et du spectacle sont confondus avec les milliardaires de la finance, du commerce et de l’industrie. Pourtant, les premiers ont un don et une expertise monnayable, alors que les seconds exploitent le travail des autres. Mais cette confusion alimente le discours sur la fortune acquise par l’effort personnel, et escamote celle acquise par prédation. L’économie proclame aussi que ses principes sont les seuls possibles, avec le fameux “There Is No Alternative” de Margaret Thatcher. Et puis il y a le dogme du “ruissellement”, qui soutient que plus il y a de richesse au sommet, plus il y a de gouttelettes qui descendent jusqu’en bas.

Pour régner, le pouvoir économique se promeut constamment, et la sphère politique n’est qu’un reflet de cette promotion. Le discours politique est commercial. Il est conçu pour vanter les bienfaits de l’économie. Le personnel politique se fait élire et gouverne. Il est choisi par le peuple, mais il manœuvre pour une économie d’intérêts privés. Sa fonction est de joindre ces deux forces antagonistes en une apparente unité. Pour cela il dispose de la contrainte armée et de la loi, de l’éducation et de la propagande. Un appareil massif qui a fait ses preuves. Selon le moment historique, ou la phase du cycle économique, le besoin d’unité se fait plus ou moins pressant. En période de vaches grasses et de croissance forte, le discours économique se rapproche de la réalité vécu. L’ascenseur social fonctionne, et l’individualisme est à l’honneur. L’économie est ouverte et conquérante. Lorsque vient le temps des vaches maigres, le discours ne colle plus au réel, et ceux qui le tiennent sont discrédités. Quand la richesse ne ruisselle plus, le peuple se rebiffe et demande des comptes. C’est alors que la politique se présente comme le protecteur de l’économie, plutôt que son vassal. L’ancien feudataire se transforme en suzerain tyrannique.

L’économie domine le politique et lui dicte sa conduite, sauf en périodes de crises. Quand l’économie s’effondre, la politique prend les rênes et perpétue l’ordre des choses par la force. “Pour que tout reste comme avant, il faut que tout change.” Ou, comme le remarquait J-P Sartre en 1946, “Le jeu des Nazis et de leurs collaborateurs a été de brouiller les idées. Le régime pétiniste s’est intitulé Révolution et les choses ont été si loin dans l’absurde qu’on a pu lire un jour, en manchette de la Gerbe: «Maintenir, telle est la devise de la Révolution Nationale.» Il convient donc de rappeler quelques vérités élémentaires. Pour éviter  toute présupposition, nous adopterons la définition a posteriori qu’un historien, A. Mathiez, donne de la révolution: il y a révolution, selon lui, lorsque le changement des institutions s’accompagne d’une modification profonde dans le régime de la propriété.” (1) En historien de la Révolution française, Mathiez dérivait sa définition de la chute des monarchies et de la fin du féodalisme. Les révolutions bourgeoises ont effectivement rempli les deux conditions requises. Depuis, il y a eu beaucoup d’arrangements institutionnels, mais la privatisation de la propriété s’est accrue. Le politique a été asservi par l’économie. Et lorsque l’économie chancelle, la seule révolution proposée c’est de “maintenir”.

L’époque actuelle a de nombreux points communs avec les années 1930. La première Guerre Froide est oublié, mais une seconde menace sans que les adversaires soient bien définis. La guerre civile syrienne voit des factions sous divers parrainages affronter les troupes de Bachar el Assad, qui a ses propres parrains. Depuis la faillite de la banque Lehman Brothers et ce qui a suivi, l’économie stagne. Partout des démagogues promettent de conserver ce qui était, Travaille, Famille, Patrie. L’inédit c’est le changement climatique qui progresse déjà bien plus vite que prévu. C’est-à-dire que les tensions économiques et les troubles politiques qu’elles provoquent vont être aggravés par des événements météorologiques catastrophiques. Les livres d’Histoire écrits par des idéologues bourgeois ont masqué l’essentiel et n’ont pas éclairé le futur. Ils ont cru, ou voulu faire croire, que le politique dirigeait le monde, que des idées justes avaient plus de pouvoir que l’argent. Ils n’ont pas vu, ou pas voulu voir, que l’accumulation de richesses privées se fait au détriment du plus grand nombre, que la fortune de quelques-uns est payée par l’exploitation et l’endettement des communautés. En insistant sur le rôle du politique dans la conduite des nations, ils ont négligé les tractations financières dans les coulisses. Cette négligence a pour conséquence que le mécanisme fatal de fin de cycle s’enclenche toujours à la surprise générale. Comme si une progression géométrique de la dette pouvait continuer indéfiniment. La réalité des limites vient chasser les rêves d’infini dans le domaine financier et dans celui de l’exploitation de la planète. Cette conjoncture n’a pas de précédents.

1. Situations III, Matérialisme et révolution, II. La philosophie de la révolution, NRF p. 176

Tuesday, March 14, 2017

Market forces


The three pre-eminent forms of investment are real estate, treasury bonds, and company shares. The price of real estate varies according to the rent it can obtain. And rent in turn depends on the supply and demand for housing or, in the case of farming and mining, on what the land can produce. Treasury bonds have a nominal price and a rate of interest printed on them. Someone buying a bond above its nominal price gets a lower rate of interest, and someone buying it below its nominal price gets a higher rate of interest. Company shares are fractional ownerships that receive corresponding parts of the profits. Here, both share prices and profits fluctuate.

Investments can move around, especially in bonds and shares that are easily and quickly bought and sold. Investments move in search of the best return and, by pushing up or lowering prices, this mobility tends to level the returns on different investments. However, bonds bring a fixed return that only varies as a proportion of the price they have been bought, whereas the price of shares and their dividends can increase or shrink. Investments in shares are more risky than investments in bonds, this means buyers expect a higher return and may get a lower one. Bonds pay what is written on them, X% of Y. Shares pay a fraction of profits, but profits can sink to zero and below.

Investments are speculative because prices go up and down, and speculation can create bubbles when prices outstrip returns. The real estate collapse ten years ago concentrated investments on bonds and shares, which have swollen considerably since then. Bond prices were bloated artificially by central banks, intent on lowering interest rates. They bought up existing bonds at inflated prices, and reduced the discount rate to almost nothing. This meant that new bonds could be emitted at the same very low rates. When the return on bonds is barely above inflation, the last resort is shares. So share prices have risen, and risen, and risen again. And, as potential dividends are more than twice the interest paid on treasury bonds, there is room for more rises. Unless or until interest rates go up, either because central banks decide to increase their discount rates, or because of a slackening demand on the bond market (see China and S. Arabia). A rise in the rate of interest means an automatic fall in the price of existing bonds, and a knock-on drop in the price of shares, which is why central banks are so hesitant, and why the market may decide for them.

Thursday, March 09, 2017

Moving backward


The aim of capitalism is accumulation. For this there must be a profit, the possibility of getting more for less. It is happens in two stages. First labour gets less value than it produces, and then this surplus value is exchanged abroad for labour and raw materials. The surplus consumption of capitalist production is transformed into investments by colonial rule or by foreign trade. (The alternative is to grant people credit so they can buy the stuff). Capitalist accumulation needs undeveloped regions for this exchange to take place. The developed world had no reason to share its knowledge and technology, as that was the basis of its power and capacity to plunder the rest of the planet. It has gone to great lengths to protect them with patents, copyrights and secrecy. It has privileged elitist research and neglected the general level of education. This has created a widening space between the front runners and the rest. Knowledge also has its one-per-centers. A large part of humanity has been left in ignorance and poverty, partly on purpose because wealth and information are the sources of power, and partly by disdain and disinterest. Masses of people have gone back in time. In the developed world the time gap is a matter of decades, elsewhere of centuries. In Europe and America the nostalgia goes back to Thatcher and Reagan, which for many are embellished living memories. The Middle East has jumped back to an age of all powerful caliphs and hidden imams. Some parts of Africa have revived sorcery and magic. And most nations are looking at a more or less distant past to model their existence, to times when the ruling forces were nationalistic or religious.

Capitalism has periods of expansion and social progress followed by regression, when mountains of debts have to be resolved and planetary plunder reaches technological, political or environmental limits. That is when the two mechanisms for realising surplus value can no longer grow at a significant rate. At this stage, instead of climbing out of poverty and ignorance, people are pushed down, back to their ancient insecurities, fears and beliefs. Bombing Iraq did not send Iraqis into the Stone Age. Instead they regressed to the 7th century of Omar and Ali, and to violent religious intolerance. And bombings elsewhere in the region have had similar results. Under severe economic duress the developed nations are also regressing, to the less distant times of nationalism and the question of who belongs and who does not, more a matter of origins than beliefs. On the brink of economic and environmental collapse, humanity is looking to the past for comfort. Ideologically, globalisation was a unifying movement towards a better future together. That model is broken and the reactionary backward movement is divisive because of different opinions on how far to go.