Friday, November 21, 2008

The factories to the workers!

As is usual when the financial order exposes its weakness and seems to be tottering before a fall, the possibility of an end to capitalism comes to the fore. The trouble with such speculations is that they often confuse the basis of capitalism and its various extensions. Those subsidiary parts that can be destroyed and rebuilt without threatening the essential principles of capitalism. Real estate, banks and commerce, land and money, these profit from capitalism, but they preceded it and could therefore outlive it. They are not the substantive matter of capitalism.

As Marx pointed out, capitalism breaks with the past by replacing servile labour by free labour. Workers are paid wages when they are employed. As opposed to slaves who have been bought and need to be fed and kept fit, whether employed or not. The slave owner buys the person and must obtain enough work to make a profit. The capitalist leaves the person free, buying only the work time. Fuelled by waves of migrants from the countryside, then from Ireland and Central Europe, the early capitalism described in Capital 1 was quite horrendous, with a human waste that defies belief. A miserable situation that was the logical result of extracting the most labour for the least wage. (One should perhaps put this perception in perspective, as Marx was writing during the American Civil War, 50 years after the Napoleonic Wars and 50 years before WW1. Human life had seldom been so apparently worthless).

Capitalism needs a free work force that it can employ at will. But, to make a profit, capitalism also needs free markets to sell its produce at a price that is higher than the cost of production. This can be the case on foreign markets where production depends on more primitive tools and less knowhow. The home market, however, is subject to fierce competition and to price fixing by cartels. And this is where capitalism made its other break with the past. When wages and working hours are fixed at their utmost and the market price is the same for all, the competitive edge can only come from gains in productivity obtained by technological innovations. So capitalism introduced the notions and the rules concerning patents, copyrights and their offshoots.

Capitalism widened the scope of property. Land and money had from the start been based on private property. Capitalism expanded the rule to include the means of production, the work and the tools. Work could be bought piecemeal without owning the worker, and an idea could belong exclusively to someone. If Citigroup and General Motors go under, will that bring down capitalism, change the way work is bought, and prohibit the private ownership of ideas? Certainly not. Capitalism will rise from the rubble with renewed youth, vigour and attraction. Has anyone heard the president elect talk of giving the property of the above mentioned corporations to their employees? Even though the supposed value of their pension funds probably outweighs the stock market value of the said companies. Could co-operatives bloom, and executives turn to beards, bioethics and bicycles? Can flower-power turn back the guns and can sitting in or dropping out stop the cog-wheels, when everyone is just trying to catch up with yesterdays spending? When capitalism is making its final break with the past by using the constraints of debt instead of force, in a world where the loss of one’s “capital” resembles a death sentence.

Wednesday, November 19, 2008

Le socialisme bourgeois.

Aussi loin que l’on remonte dans le temps, les mouvements sociaux sont le résultat d’une alliance entre la masse laborieuse et une partie de son encadrement. Une fraction de la hiérarchie s’en détache et, s’appuyant sur un soutient populaire, tente de la renverser pour prendre sa place. Lorsque l’oppression s’accentue et que le peuple gronde, les insatisfaits et les déclassées du système se présentent comme une alternative de gouvernement. Ils se mettent à la tête et se font les porte-parole du mouvement. Cette prise en main de la révolte par un groupe de transfuges est peut être inévitable. Puisque la pratique des armes et des concepts est réservée aux cadres du système, que le conflit ait une forme militaire ou idéologique le mouvement populaire se trouve dépourvu de direction. Avec du temps il pourrait sans doute développer ses propres idées et une autre pratique, mais la révolte d’en bas se fait toujours dans l’urgence. N’ayant pas de capital, l’ouvrier ne peut interrompre sa force de travail qu’un court instant, le temps que durent ses maigres réserves. Au-delà, lui et ses dépendants sont confrontés à la faim et l’expulsion. S’il ne l’emporte pas tout de suite, il est perdu. Pris par le temps, il ne peut que suivre ceux qui semblent savoir, cette partie marginale du pouvoir, la lumpenbourgeoisie.


La sociale bourgeoisie a les mêmes vieilles origines que les mouvements sociaux. On la trouve déjà à l’œuvre à Athènes et à Rome. Et dés lors on voit les deux tendances qui la scindent, les opportunistes et les moralistes. Les premiers contestent leur position dans l’ordre social, mais l’ordre lui-même n’est pas remis en cause. Le sommet de la pyramide doit être renversé pour être immédiatement remplacé par un novus homo et ses fidèles. Les seconds contestent l’immoralité de l’ordre social. L’ordre lui-même n’est pas en cause et le sommet n’est pas à changer. Ce sont des niveaux subalternes qui pourrissent l’édifice et qui doivent retrouver un comportement éthique. L’opportuniste voit la force des masses laborieuses, la puissance du nombre, et cherche à sen servir. Le moraliste voit la faiblesse des masses laborieuses, le dénuement matériel et moral, et cherche à y remédier.


Le révolutionnaire et le réformiste divisent depuis toujours le socialisme bourgeois. Qui ne sait s’il doit pencher à gauche ou au centre (sic). Cette indécision est une constante, et seules les lames de fond populaires peuvent interrompre son habituelle collaboration à l’ordre social. La sociale bourgeoisie française hésite à nouveau devant son éternel obstacle. Son choix est d’autant plus cruciale que la crise financière se propage à tous les niveaux, présageant de fortes turbulences. Il n’est pas sûr que le PS puisse se positionner en accord avec cette perspective. Sa trop grande implication dans l’ordre existant et les rigidités inévitables que cela implique vont lui interdire un virage à bâbord. Mais, d’un autre côté, il n’est pas certain qu’en ce début de millénaire la sociale bourgeoisie reste une nécessité, que les masses laborieuses en ayant encore besoin pour mener leurs luttes.


A présent le fossé du savoir est en partie comblé et la révolution informatique en est largement responsable. Les réseaux du savoir, des connaissances et de l’information sont en train de laminer le système de transmission scolaire, où le programme ne laisse pas de place à la curiosité, puisque lui-seul décide des critères sélectifs, le choix des sujets et le temps qui leur est accordé, et la docilité que cela impose. Le réseau ouvre un monde, comme le faisait la rue avant le voiture, ou la campagne avant les pesticides et la voiture, mais la nouvelle ouverture ainsi engendrée est planétaire et tous azimuts. La curiosité trouve un vaste champ libre et rend caduc le programme scolaire et sa sélection catégorielle, qui l’ouvrier, qui le cadre, qui le haut dirigeant.
Les révolutions culturelles sont nécessairement générationelles et ne se préoccupent pas immédiatement des hiérarchies du pouvoir. Des nouveaux concepts, un nouveau langage et des rapports différents qui en découlent, seul un groupe d’âge restreint est capable de les assimiler immédiatement. Les autres sont trop vieux ou trop jeunes. Il leur faudra du temps pour s’y faire. Lorsque tout le monde aura vieilli et que la nouveauté se sera émoussée. La génération qui est à la jonction des mondes anciens et nouveaux s’identifie à un idéal, que se soit le refoulement romantique, le nivellement sociale, ou faire l’amour au lieu de la guerre. Et puisqu’elle a l’âge qu’elle a, de quinze à vingt-cinq ans, la génération qui est aux avants postes est la plus turbulente et la moins formatée de tout le corps social.


La révolution informatique est culturelle autant que technologique. Comme avec l’imprimerie à ses débuts, l’état d’esprit est transformé par le nouveau média. Cela se reporte sur le rapport aux autres et au monde. Si la manière de communiquer les idées et les sentiments change, tout doit changer en conséquence. C’est alors que l’ordre établi est rejeté. Et combiné à une crise capitalistique sans précédents, puisque réellement mondiale, la révolution culturelle surf sur la toile et se propage à la vitesse ultime de la lumière. Lorsque l’effondrement du système monétaire mondiale se résoudra par de l’inflation galopante, des taux d’intérêt à deux chiffres, une production ralentie et des pertes d’emplois, avec un État surendetté plus préoccupé par les entreprises que par les salariés, s’employant à faire de la finance au lieu du social, c’est alors que les réseaux montreront leurs vraies possibilités. Et il est difficile d’imaginer que les quinquas et les quadras du PS puissent jouer un rôle quelconque face au grand chamboulement qui se prépare. Les réseaux sociaux se sont affranchis de l’électoralisme et des querelles de chefs. Ils favorisent le représentant révocable et le mandataire, au détriment de l’élu. Ils produisent des connections horizontales plutôt que verticales, permettent l’interaction du plus grand nombre et leur irrésistible inventivité. A-t-on vu à Reims les derniers soubresauts d’une sociale bourgeoisie moribonde, devenue enfin inutile?

Friday, November 07, 2008

Crises cycliques.

La croissance de la demande est alimentée par le crédit. Ce crédit est en partie investi et en partie consommé. Mais, historiquement et nécessairement, le crédit accroît d’abord l’investissement avant d’accroître la consommation. Ce qui fait qu’un cycle de croissance se partage en deux moments différents. Et, puisque le crédit rapporte de l’intérêt et ne peut donc croître infiniment, chacun des moments va jusqu'à sa limite et s’effondre. Et, puisque le remboursement/renouvellement du crédit obéit à des périodicités précises, ces effondrements répétitifs ont la régularité des événements cosmiques, et la même prévisibilité. (Voir J.A.Schumpeter, daté du 07/02/07)
Les banques ont pour fonction principale d’accorder du crédit à leurs clients. Cela rend plus fluide les échanges de biens et de services, et cela présente une façon d’accroître ces échanges qui est bien plus efficace que le recours à la planche à billets. Le crédit est accordé en fonction de l’offre. Il permet même une production a flux tendu, puisqu’il régule la demande de manière très précise. Tandis qu’une quantité accrue de billets se distribue difficilement, souvent en règlement des dépenses de l’Etat avec des conséquences inflationnistes. D’ailleurs, les billets de banque représentent une fraction décroissante de la masse monétaire et paraissent anachroniques en cette époque de paiements électroniques.
Le crédit permet d’accroître raisonnablement la demande et d’éviter des stocks excessifs. Mais cette croissance a des limites qui sont celles du crédit lui-même. Le crédit se renouvelle, mais l’intérêt ponctionne les revenus. Une croissance du crédit, et donc de l’intérêt versé, réduit d’autant les revenus. Plus d’un côté et moins de l’autre et, lorsque les deux quantités se rejoignent, la croissance s’arrête. Lorsque le crédit supplémentaire mis en circulation ne dépasse plus l’intérêt payé sur la masse de crédit existant, la demande stagne.
Le premier moment d’un cycle concerne l’investissement. L’Etat et les entreprises privées empruntent pour investir plus, qui dans l’infrastructure, l’énergie et les transports, qui dans les moyens de production. Mais un investissement est, au bout du compte, de la valeur ajoutée, du travail et des salaires. Avec l’investissement croissant la masse salariale augmente, alors que l’offre accrue de consommation n’est pas encore au rendez-vous. Il s’ensuit de l’inflation et une hausse des taux d’intérêt. L’Etat voit sa dette réduite par l’inflation et accrue par l’intérêt en hausse. Mais ses revenus sont eux aussi réduits par l’inflation et ses dépenses stagnent. De leur côté les salariés réclament des hausses de salaires et en obtiennent un peu. Ce qui se répercute sur les prix, en plus de la hausse des taux d’intérêt. Les prix flambent, tandis que la demande et la production stagnent.
Le premier temps de la croissance conduit à la stagflation. C’est alors que le deuxième temps se met en marche avec du crédit à la consommation. L’Etat et les consommateurs empruntent pour consommer plus, qui pour les services sociaux et les aides sociales, pour le patrimoine et les armes, qui pour des logements et des biens durables, voir pour des dépenses quotidiennes. En consommant de plus en plus à crédit, l’Etat et les consommateurs ne réclament ni des hausses d’impôts, ni des hausses de salaires. Et la croissance de la valeur ajoutée qui s’ensuit profite aux seuls actionnaires. Jusqu'à ce que le crédit atteint ses limites. Jusqu'à ce que le nouveau crédit n’arrive plus à dépasser l’intérêt payé. C’est alors que les prêts sont de plus en plus douteux et que le château de dettes finit par s’écrouler. Il ne reste plus à l’Etat que de tenter une relance par une création monétaire alimentée par la dette publique, ce qui résulte en autant d’inflation. Il s’ensuit de la stagflation, puis un nouveau cycle commence avec de l’investissement.
Les cycles du crédit se répètent inlassablement. Les cycles courts, les moyens et les longs, qui parfois s’annulent et parfois s’additionnent, ce qui conditionne leurs effets. Le crédit et la dette, comme la monnaie, sont en principe des prérogatives nationales. (La zone euro est une exception qui posera des problèmes particuliers). Ce qui fait que chacune des grandes puissances et sa zone d’influence avaient leur propre calendrier. Ce n’est plus le cas. A présent, la planète entière suit le même rythme, à quelques battements près. Ce qui fait que nous vivons la conjonction de plusieurs fins de cycles, dans le cadre inédit d’une synchronisation mondiale. Et, bien que le processus soit connu et que son occurrence était prévisible, ses conséquences seront d’une ampleur sans précèdent et ses effets collatéraux seront sans commune mesure avec les exemples du passé.