Saturday, December 17, 2011

Démagogie.

Sept mois après sa parution, je viens de lire la pièce en quatre actes de Frédéric Lordon, ‘’D’un retournement l’autre.’’ La forme vaut ce qu’elle vaut – je n’ai pas la culture qui rend sensible aux alexandrins – mais le fond manque quelques éléments essentiels. La pièce met en scène la finance et la politique comme si elles seules jouaient un rôle dans le drame. Comme si les copains du Fouquet’s n’existaient plus. Comme si le foncier et l’industrie se manifestaient dans une autre dimension. Pourtant, et Frédéric Lordon ne peut pas l’ignorer, le système qui nous régit s’est institué en quatre étapes qui sont devenues indissociables. Cela a commencé avec la constitution d’un État Central légitimé par la force des armes. Puis il y a eu la propriété privée du foncier, le domaine royal et les autres. Ensuite est venue la propriété privée de l’argent, celle de l’État monnayeur et, progressivement, celle des marchands-banquiers créditeurs. Enfin, surtout depuis la révolution industrielle, il y a la propriété privée des outils de production. L'État est devenu la chose privée d’une aristocratie, et le reste en a découlé. Le président et le banquier jouent dans un quatuor avec le propriétaire foncier/immobilier et l’entrepreneur, et tous ont bénéficié de l’argent-crédit distribué. Le banquier n’a fait qu’alimenter les circuits en liquidités, au profit de tous les propriétaires qui ont vu leurs patrimoines augmenter à un rythme rarement égalé. Tous ces emprunts toxiques ont payé des loyers, des intérêts, des dividendes et des impôts. Ils ont pourvu aux revenus du capital et de l’État. Dès que le crédit accordé a dépassé le cercle des débiteurs solvables, le processus était condamné. Mais, le crédit étant devenu le carburant de la croissance consommatrice, il était impossible d’interrompre son flot. La seule alternative était (et reste) de faire comme Clisthène à Athènes, une redistribution des revenus et (comment faire autrement?) de la propriété. Mais seul un démagogue soutenu par une large majorité populaire peut envisager quelque chose d’aussi radicale.

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