Wednesday, November 25, 2009

Le temps.

Et si le temps n’existait pas. Si c’était le mouvement qui crée l’illusion du temps. L’univers bouge et la position respective des éléments qui le composent varie constamment. C’est cette variation qui serait le temps qui passe. Par ailleurs, certains mouvements semblent se répéter, et cet éternel retour donne l’impression d’une régularité du temps et d’une continuité entre le passé et le futur, d’un écoulement qui peut se découper en segments identique. Mais, puisque tout bouge, chaque position est unique et ne pourra jamais se reproduire. La notion d’un continuum temporel serait fausse. Il n’y a que des situations différentes qui se succèdent.

Le sable coule et les isotopes se décomposent. Leurs mouvements sont réguliers et paraissent exister en fonction du temps. On mesure le temps passé, tant de sable s’est écoulé, tant d’isotopes ont perdu des neutrons, mais le temps présent nous échappe. L’ici et maintenant n’est pas perceptible, puisque nos sens ne transmettent que des événements passés. Il faudrait une perception instantanée qui ne passe pas par les capteurs, le système nerveux et le cerveau. Seul un sens qui serait en dehors du temps nous donnerait le sentiment de ce qui est. Nos sens ordinaires captent des informations extérieures et les transmettent au cerveau. Pour supprime ce retard, pour percevoir le monde tel qu’il est (en devenir) plutôt que le monde figé du passé, il faudrait supprimer le passage du message, dépasser la distinction entre le monde et sa conceptualisation, lâcher son moi pour se perdre dans le grand tout.

Nos actions sur le monde sont projetées dans le temps futur. L’acte est prémédité, il faut le concevoir et activer les muscles appropriés. L’action a lieu et déjà nous sommes à nouveau dans le passé, dans le domaine cérébral du souvenir et des sens. L’action (le mouvement) est dans le présent, mais la perception qu’on en a vient du passé. L’action prolongée réduit le brouillage du passé, mais elle accentue celui du futur. L’intention exclue le souvenir. Le prochain pas, celui à faire, se superpose sur le précédent. Le mouvement rapproche du présent par son action sur le monde, mais il dépend d’une intention future. C’est peut être la méditation (mandalas, mantras et respiration) qui donne un aperçu du temps présent. Une non-action active et une intention sans objet. Une action qui écarte sans solliciter le futur. L’intention qui projette dans le futur est contrée par les techniques visuelles, sonores et respiratoires. Le passé est exclu par l’action, et le futur disparait avec la dilution du moi volontaire. Alors le présent devient perceptible, le prodige d’un monde en train de devenir.

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